Le : 04/10/2011
Nos synthèses de conférences
Changer de monde : comment choisir le bon sens ?
Organisée par : France Libertés
Date : 4 octobre 2011
Intervenants :
Chico WHITAKER, Co-fondateur des Forum Sociaux Mondiaux
Patrick VIVERET, Economiste et sociologue
Danielle MITTERAND, Présidente de France Libertés
Par vidéo :
Susan GEORGE, Présidente d’honneur d’ATTAC
Pierre RABHI, Paysan, philosophe et écrivain
Conférence animée par Stéphane BERN, Journaliste
Résumé de la conférence-débat :
La Fondation Danielle Mitterand : France Libertés, a organisé cette conférence pour célébrer ses 25 ans. Même si de nombreux hommages sont venus ponctuer les deux heures et demi de débat, le ton est resté libre et ouvert.
L’ensemble des intervenants s’accorde sur le fait que notre monde basé sur le capitalisme doit être changé. Susan George prône de s’attaquer en priorité au monde de la finance. Pour elle, les services financiers doivent être au service des peuples et non l’inverse. Partant du constat que la démocratie s’arrête aux portes des entreprises, il serait également intéressant de davantage solliciter les salariés des entreprises à être des acteurs de ce changement. Danielle Mitterand ne partage pas cette vision qui viserait à adapter notre système actuel, et notamment financier, pour pouvoir garantir au plus grand nombre un monde meilleur. Pour Danielle Mitterand, les solutions se trouvent dans la radicalité. Tout ou presque doit être changé par les citoyens : le rapport aux autres, le droit international, l’accès aux ressources et aux biens communs de l’humanité garanti
pour tous etc. Chico Whitaker pense qu’il est non seulement possible de changer le monde mais que cela est surtout nécessaire. L’humanité est devant un vaste défi, l’être humain est aujourd’hui considéré comme « avoir plus » plutôt qu’ « être plus ».
Pour Patrick Viveret, les questions de pouvoir ne doivent pas être oubliées. Les alternatives les plus poussées ne peuvent pas aboutir si elles n’ont pas de réel pouvoir. Ce rapport au pouvoir a d’ailleurs, selon lui, tendance à nous enfermer dans des logiques de captation, quel que soit notre genre et/ou notre statut social. D’anciennes victimes peuvent ainsi devenir des bourreaux. Pierre Rabhi confirme cela en insistant sur la volonté de changement des Hommes. Le changement ne viendra que si les Hommes changent, pour cela un travail en chacun de nous permettrait d’équilibrer nos vies, influençant notre état d’esprit et donc notre environnement. Les lois ne pourront pas imposer le changement, seuls les Hommes pourront devenir acteurs de ce changement.
Les intervenants s’accordent également sur les constats actuels à savoir que les libertés sont pour les riches, l’égalité pour les pauvres tandis que la fraternité n’existe qu’en mémoire. La coopération plutôt que la compétition serait un élément décisif de changement de paradigme. Une intervention dans la salle a rappelé que l’éducation était également au centre des enjeux de demain. Patrick Viveret confirme en soulignant que le sens d’éduquer aujourd’hui se réfère davantage à une « formation adaptatrice à la rivalité » plutôt qu’à donner un métier, c'est-à-dire être le chef de projet de sa propre vie. D’ailleurs, on se permet de rappeler que celui qui n’a ni avoir, ni savoir, ni pouvoir est un pauvre (définition des Nations Unies). Pour dépasser cette définition, on ajoute que celui qui possède le savoir possède le pouvoir. Et, celui qui possède le savoir et le pouvoir possède l’avoir, c'est-à-dire, la maîtrise de sa vie, la réalisation de soi et le partage avec les autres.
Remarques :
La première remarque que nous tenions à souligner concerne l’ambiance générale et les prises de parole. Dès le début de la conférence la parole a été donnée à la salle, et ceci tout du long. Il s’agissait véritablement d’une conférence-débat où les interventions du public permettaient d’interagir avec les intervenants mais aussi entre personnes du public, ceci est plutôt rare dans l’organisation formatée et souvent lissée des conférences.
Nous avons eu également le plaisir d’entendre que la première des préoccupations essentielle au développement, avant toute autre, était celle des Hommes. La question n’a même pas fait débat entre place des Hommes et celle de l’environnement ou de la biodiversité.
Enfin, même si nous partageons beaucoup d’avis discutés lors de cette conférence, nous pensons que pour changer le monde il faut être conscient que cela n’est pas si facile ; le bon sens est très simple mais l’humain est complexe. Un élément essentiel oublié par les intervenants est l’envie. Pour changer, il faut une envie, un intérêt, un plaisir. Créer cette envie peut se faire en actionnant des déclics en chacun de nous. Cela est possible car chacun a à y gagner. Cela est non seulement possible mais déjà en marche pour bon nombre d’entre nous, ouvrir les yeux c’est aussi regarder ce qui bouge dans le bon sens.